Etat de siège dans les facultés marocaines
Cela fait plus d’un mois et demi que les facultés marocaines sont en standby. Certes il y a des épreuves qui ressemblent plus aux anciens examens qu’aux contrôles continus tels que la réforme les prévoient, mais peu d’enseignants semblent avoir compris l’avantage du système modulaire. Le phénomène de la rétention des notes qui ne dit pas son nom peut commencer ! Il y a deux matières par module. Déontologiquement, dans chaque module, il y a deux enseignants. Chaque enseignant prie intérieurement pour que l’autre ne soit ni un ni un paresseux, ni un sadique, qu’il n’ait pas une affaire de mahlaba ou de ventes de bétails quelques parts, qu’il n’ait pas des engagements avec d’autres écoles privées (qui ne pardonnent jamais les retards à livrer les notes), etc.
Mais ceux qui prient ne sont pas légion. Le résultat est que tout le monde compte sur tout le monde pour livrer les notes à la dernière minute. Concrètement, cela donne des cours de facultés où les étudiants errent en attendant que les notes s’affichent. « Est-ce que « flane » s’est affiché ? » se demandent t-il ? Il ne disent ni le prof untel, et passent outre le nom de la matière. Ils ne demandent pas par exemple est ce que le prof de droit administratif a affiché les notes, mais tout simplement, « est ce que le prof s’est affiché ? », subtilité de la langue et raccourcis pour désigner un phénomène qui échappe au contrôle. Tout d’ailleurs y échappe. Depuis que la réforme a « donné la main » aux « instances », c’est l’anarchie qui règne. Les cours commenceront probablement en mars et dureront un mois et demi ; voire deux mois, selon les profs. Bien que le cahier des charges indique que chaque matière a une charge horaire de 40 heures, quasiment personne ne respecte ce quota. Il y en qui finissent leurs cours au bout de quatre séances de deux heures, soit quatre fois deux ; huit ! Huit sur quarante ! Et ils arrivent à fermer l’œil la nuit ? Il y en a qui ne viennent pas tout simplement. Personne ne peut rien y faire. Les instances se sont les prof. Le syndicat est là prêt à brandir son épée à chaque fois qu’un élément du « corps enseignant » est touché ! Les étudiants ? Ils ont trop peur de se plaindre. Ce qui les importe c’est la NOTE. Et puis, pour certains, ces quelques semaines de répit ca ne les dérange pas outre mesure puisque ca leur permet de rêvasser tranquillement sur facebook entre autre… Comment gèrent-ils le stress de ne pas savoir quelle note ont-ils eu dans telle ou telle matière ? S’ils doivent passer le contrôle de rattrapage ou pas ? Personne ne semble s’en soucier ! Même pas eux on dirait !
Il reste l’autre catégorie de prof. Les profs assiégés, tout comme les étudiants, qui bien qu’ayant fini les corrections, insérer les notes, ne peuvent pas afficher ces notes car comme c’est un module, ils doivent attendre que l’autre prof ait aussi insérer les notes de sa matière. Or, s’il fait partie des prof du « côté obscure de la force », c’est foutu ! Ca donne des coups de fils à n’en pas finir (souvent c’est la boite vocale qui répond !), des prise de becs, des animosités qui s’attisent, les étudiants en font les frais bien sûr. Car l’autre s’entête et fait tout pour ne pas répondre à l’appel de son collègue. C’est la guère des notes. L’état de siège peut commencer ! Et cela dure environ quatre mois dans l'année universitaire!